Il y a un peu plus d’un an, l’association denaisienne La maison de Mam’Jo lançait son école de production de bois. Pour sa deuxième rentrée scolaire, la formation au lycée Dampierre de Valenciennes accueille seize élèves. Nous suivrons le parcours de deux d’entre eux : Maverick, en première année et Jorge, qui entame la deuxième.
Lorsque nous les avons rencontrés en juillet dernier, les onze recrues de «l’atelier de réinsertion pour des 14 – 18 ans décrocheurs de l’Éducation nationale» fêtaient leur fin d’année en grillades. Hier, entre le vent qui balayait la courée et le bruit des machines, les vacances étaient définitivement terminées au lycée Dampierre de Valenciennes.
Dans la bâtisse, huit nouvelles recrues ont rejoint les 14 – 22 ans de l’école de production, pour s’exercer au travail du bois. Pour un total – départs de l’année passée compris – de seize élèves, divisé également en première et seconde années. « Le but, c’est d’abord de les remettre en selle, car ce sont tous des cabossés de la vie, en proie à des difficultés personnelles », introduit le directeur de la structure. Philippe Nachez poursuit : « En seconde année, ils sont plus mûrs. Et puis c’est une année d’examen, tous ont demandé à passer le CAP, alors il faut foncer. »
« C’est mon rêve, il faut que j’essaie »
Ce CAP de menuisier construction bois, Maverick y pense déjà. Cela ne fait pourtant que deux mois que le Raismois (ville du Nord-Pas-De-Calais) de 17 ans – « 18 ans en décembre » – a rejoint la structure. Après deux seconde dans un lycée technique, le jeune homme est exclu : « Pendant un an, je n’ai rien fait. » Jusqu’à ce que la Mission locale, via Pôle emploi, lui glisse le nom de l’école de production de bois : « On m’a parlé d’une formation plus manuelle, avec moins d’heures de cours, ça m’a intéressé alors je suis allé aux portes ouvertes… » Maverick est séduit, d’autant qu’il a déjà une expérience dans le bois : « Je ne connaissais pas beaucoup mais déjà un peu plus que les autres. » Rentré en septembre, la formule l’a déjà convaincu : «J’aime le concret. Faire quelque chose pour des clients, c’est plus motivant que si cela ne mène à rien. » Sûrement pour cela que Maverick ne rechigne pas à faire une heure et demie de bus, cinq jours par semaine. Et qu’il s’acharne, avec ses camarades de première année, à réaliser au mieux ces commandes de carrés potager, entre autres. Il faut dire que le jeune homme doit être à la hauteur de ses ambitions : « J’imagine travailler un ou deux ans après mon diplôme, économiser pour créer ma propre entreprise. C’est mon rêve, il faut que j’essaie. »
Du courage, on en trouve aussi beaucoup chez Jorge. Arrivé d’Angola avec son frère en juillet 2012, son foyer valenciennois le dirigera vers la première promo de l’école de production… Seulement après deux mois sur le territoire français. Et autant d’expérience de la langue. Son maître d’atelier se souvient : « Le jour de la rentrée, il nous a dit en portugais, inquiet, qu’il ne connaissait pas le travail du bois. » Comme tous ses camarades. Aujourd’hui, il construit son propre établi, multipliant les coups précis de ciseaux à bois : « C’est comme une petite compétition entre nous, c’est motivant et bon enfant. » Et Jorge s’exprime dans un français quasi parfait, après avoir appris, essentiellement, « en écoutant les gens parler » : « Le travail du bois me plaît, on peut faire de bonnes choses. » Serein, souriant, le jeune homme de 17 ans résume une première année positive : « J’apprends à fabriquer et je suis heureux, c’est l’essentiel. » Alors c’est sans hésiter qu’il s’est inscrit pour un CAP qu’il espère obtenir en 2014. Pour l’heure, c’est la semaine de stage de mars qu‘il attend impatiemment : « On commence à connaître beaucoup de chose ici et on a besoin de travailler ailleurs pour se faire une expérience… » Et trouver un boulot ? « J’espère. ».
Information : La Voix Du Nord